LA Banque De Connaissances en ligne

L'Embellie

Nous sommes fin des années 80 à Bruay-la-Buissière, commune du bassin minier du Pas-de-Calais, dans l'arrondissement de Béthune. La commune de Bruay-la-Buissière est née en 1987 de la fusion des communes de Bruay-en-Artois et Labuissière. Dans les années 70, Bruay-en-Artois avait été très médiatisée en raison du meurtre, jamais résolu, d'une adolescente d'origine modeste, Brigitte Dewèvre. En 1990, la ville compte 24 927 habitants, sa population baissant lentement mais régulièrement depuis cette date.

Bruay est au cœur du bassin minier depuis 1850 avec la création de la Compagnie des mines de Bruay. Dès les années 1970, le plan de récession se met en oeuvre aboutissant à la fermeture des derniers puits de Bruay: fosse no 6, 6 bis, 6 ter et 7 en 1980 et 1982, puis de la dernière mine de charbon du Nord-Pas-de-Calais (fosse 9/9 bis d'Oignies) le 21 décembre 1990.

C'est dans ce cadre très spécifique, qu'une douzaine de jeunes adultes participent à un Atelier Pédagogique Personnalisé (APP), dans le cadre d'un projet global de lutte contre l'illettrisme initié par le Syndicat Intercommunal pour la Formation dans le Buaysis.

« On parle d’illettrisme pour des personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante. »^{1 ANLCI}

« Un APP met en œuvre une démarche pédagogique. Ce lieu, espace de formation ouverte, permet l’accès aux savoirs de base et aux compétences clés à tout public adulte. La démarche garantit le développement de l’autonomie des apprentissages. Elle s’inscrit dans une optique citoyenne et d’éducation permanente. »^{2 APP}

L'atelier dont il est question dans ce documentaire a été animé par les intervenants de l'Agence Faut Voir, un des producteurs du documentaire.

« L'agence Faut Voir propose, conçoit, gère, mène à leur terme des projets culturels sur un mode d'intervention défini comme un moyen privilégié de mettre en lumière les identités des groupes en présence, de favoriser l'appropriation de ces identités par les publics et dans le même temps, de jouer l'échange et la rencontre des idées, des regards, avec des artistes et des professionnels du développement culturel. »^{3 agence Faut Voir}

Plus qu'un simple "reportage" sur une action de formation, L'Embellie se propose comme une oeuvre collective résultat de « la rencontre créatrice entre deux "mondes" qui a priori ne se rencontrent pas ou pire s'ignorent :

• celui des lettrés, en l'occurrence ici un auteur-réalisateur, Jean-Pierre Renault, et deux acteurs de théâtre et auteurs, Catherine Boskowitz et Yves Ferry, tous trois ayant un rapport privilégié avec la langue écrite et parlée ;

• celui des personnes situées à l'opposé : celles qui n'ont que peu ou pas de rapport à l'écrit et qui pourtant parlent et entretiennent un rapport étroit à la langue. 

[Dans ce documentaire, l'agence] a cherché à remettre en perspective le problème particulier de l'illettrisme en étendant la notion à une difficulté générale de "lecture" du monde... Pour [les personnes en stage], il s'agit autant d'apprendre que d'inventer leur corps écrivant et lisant. Tout le travail de l'équipe a été guidé par cette idée, et par le fait que chacune de ces personnes, derrière la difficulté technique de lire et d'écrire, est porteuse d'une culture, d'une identité et d'un rapport au monde particuliers.
Sur la base de règles du jeu clairement définies (nous ne nous trouvons jamais dans la confusion des rôles qui peut être générée par des présupposés de type "tout le monde est artiste"), l'échange et la rencontre peuvent exister, dans une aventure où chacun prend des risques générés par l'idée même de transformations portée par les projets. »^{4 le docu}