Indésirable à la maison de quartier, Montevideo emmène ses clips et ses claps à Lille-Sud,
La Voix du Nord, 08/01/2009
L'association, qui fait de l'image un vecteur de lien social, a quitté Wazemmes pour Lille-Sud.se souvient un ancien salarié, témoin de la création de celle de Wazemmes, en 1995.
Ils n'"occupaient" pas les locaux, ils les partageaient. Ils ont donné la parole aux habitants, ils les ont mis sur la scène. Ils faisaient partie intégrante du projet.
Montevideo : la capitale du « film positif » fête ses 25 ans,
Nord Eclair, 19/11/2009
C'est pour contrecarrer ces images négatives des faubourgs sensibles, qu'en 1984, Patrick Singier, décédé en 2005, a fondé l'association Montevideo.
L'idée de ce photographe de formation, sorti de l'école de cinéma de Bruxelles, était simple:
On ne parle que de ce qui est positif
, réplique l'une des quatre membres de l'association.
Chacun participe à son niveau
Car c'est bien sur eux que repose tout le concept. Ce sont eux les acteurs, eux qui ont la parole. Et nombreux sont ceux qui jouent le jeu. Ils aiment ça même.
Un reportage sur la « mémoire » de Wazemmes ou de Moulins, sur un collège HQE flambant neuf, le récit d'une grande fête populaire...
Ce sont plus d'une centaine de films qui ont été réalisés au fil des ans.
Montevideo donne une caméra et un micro à l'habitant. Une rapide initiation. Il fait le reste. Pour les plus passionnés, Montevideo les forme même au montage de leurs « rushs ».
Ici, chacun participe à son niveau, il ne faut pas de compétences particulières. Juste avoir l'envie de faire, des idées, et, bien sûr, les capacités à travailler en équipe
confiait en 2004 à Nord éclair Patrick Singier.
Certains jeunes participent à la réalisation de films depuis dix ans, se découvrant même une vocation professionnelle.
Montevideo fête 25 ans de parole donnée aux habitants
La Voix du Nord, 19/02/2012
Son but était de donner une image positive des quartiers à travers l'outil multimédia.
Petit à petit, caméras et micros sont donnés aux habitants, qui s'en emparent et réalisent eux-mêmes leurs projets.
Des thèmes reviennent régulièrement comme la mémoire, la citoyenneté ou la culture... L'association intervient principalement dans les quartiers classés en « politique de la ville », mais aussi dans d'autres lieux de la région, notamment lors de Nos Quartiers d'été.
En vingt-cinq ans, Montevideo a conduit bien des projets. Par exemple, « En quête d'images », à Wazemmes, au cours duquel des jeunes sont partis à la rencontre des aînés du quartier. « Rencontres initiatives habitants » à Lille-Sud, qui a mis en avant les projets subventionnés dans le cadre du Fonds de participation des habitants. Ou encore un projet culturel mené avec les jeunes sur les capitales européennes de la culture, dont Lille2004, évidemment, et ses déclinaisons avec Lille3000.
Rencontrer l'autre
Dans tous les cas,
la caméra est un prétexte à rencontrer l'autre
indique Éric Noël, membre de l'association. Et depuis vingt-cinq ans, « on a toujours gardé en mémoire le projet initial », assure Marina Guglielmi.
Hier, la soirée d'anniversaire a été l'occasion de revenir sur la vie de l'association grâce à des films, bien sûr, et à une exposition. Mais aussi, de mettre à l'honneur les jeunes fidèles à l'association...
Un moyen, là encore, de donner une image positive des quartiers.
Les fondateurs de Montevideo coupent le son et l'image, après vingt-sept ans,
La Voix du Nord, 19/02/2012
En plaçant, c'était son originalité, les habitants devant et derrière la caméra, l'association semblait définitivement cousue dans le tissu social de la ville.
Un trou d'air financier, en fin d'année dernière, est venu rappeler sa mortalité.
Montevideo, installée depuis trois ans à Lille-Sud, a déposé le bilan. La liquidation judiciaire a été prononcée en décembre.
Le micro n'était qu'un prétexte à se parler, à s'approprier son quartier, explique Éric Noël, la prise de parole par les quartiers, n'a jamais semblé aussi partagée,
comme le montrent les exemples récents du Bondy Blog ou l'initiative Lille en quartiers de l'ESJ.
En 1984, Patrick était le seul sur ces thématiques, rappelle Éric Noël. Il était attaché au regard des gens, à ce que chacun s'exprime selon sa propre culture
Montevideo disparu, « le savoir-faire demeure », se console Gérard Delfosse.